ALMANACH DES MUSES / Christian Désagulier

almanach-des-muses-julia-tabakhova-01

0. C’EST LA FIN (Préface)

Le premier manuscrit de Christian Désagulier publié dans Fin, avait dans ma bouche, à sa lecture, un goût de procédé et d’alliage.

L’auteur cherchait à inventer des matières prêtes à affronter les calculs complexes de la vérité — comme certaines affrontent la résistance nécessaire à une fusée en vol ascensionnel.

Les approches différentes de la pensée et leur expression ont imposé un nom : Tatlin.

Même assemblage polymatériel, même œuvre de contre reliefs picturaux. Assemblage de verre, de plâtre et de tôle chez Tatlin, assemblage de mots et de ponctuation absente, de plomb et de platine chez Désagulier. Présentation frontale à la manière de haut-reliefs. Présentation de contre reliefs d’angle chez les deux artistes et ingénieurs.

La sculpture chez Tatlin quitte le sol et s’inscrit dans l’espace. Le poème de Désagulier quitte le livre et veut atteindre la voix, l’affiche, la déclamation, la projection d’images, la série scénique.

C’est la fin du tableau, du mur, du socle. Les ensembles tiennent par des câbles. Chez Désagulier, c’est la fin du livre. Les ensembles tiennent par la suspension, l’accélération, la giration et les lois de la mise à feu.

Il crée des complexes : celui-ci a un goût de titane dont est fait un fuselage.

Jean Daive

l-almanach-des-muses